Cercle de lecture du 16 juin 2023 : "L'Inventeur" de Miguel Bonnefoy
Ecrivain français et vénézuélien, peu conventionnel et souriant, Miguel Bonnefoy a reçu - en don de la providence - des capacités de mémorisation exceptionnelles ; il s’exprime très bien en plusieurs langues. C’est un garçon qui, à l’évidence, a un gros potentiel. Nous visionnons ses interviews avec intérêt, attentifs à ce qu’il essaye d’exprimer au delà de son propos…
En français, son vocabulaire est riche ; on a toujours, grâce à lui, le bonheur d’apprendre ou de revoir, quelques jolis mots oubliés…
Heureux de vivre, Miguel transmet sa joie à ceux qui l’entourent. Le lire est un plaisir. Après, Le voyage d’Octavio, Jungle, Sucre noir, Héritage, voici, L’inventeur, dont il réussit à nous conter la triste histoire, avec beaucoup de gaieté. L’auteur semble bien documenté :
Professeur de mathématiques et ingénieur talentueux, Augustin Mouchot n’est pas un personnage inventé ; il a vécu sous le second empire et s’est intéressé toute sa vie à l’énergie solaire. En avance sur son époque mais malheureusement accompagné de moyens dérisoires, Mouchot s’est efforcé mille fois de transformer la fabuleuse énergie d’Hélios en énergie thermique. Par beau temps, en concentrant les rayons du soleil à l’aide de miroirs concaves bien orientés sous un petit capot de verre, Augustin obtint d’abord le frémissement de quelques centilitres d’eau. Puis, en 1865, « dans un vase placé au foyer d’un récepteur parabolique, trois litres et demi d’eau sont portés en 90 minutes de 15°C à l’ébullition. » Lors de l’exposition universelle de 1878 Augustin Mouchot présente un récepteur solaire de 5 mètres de diamètre, « susceptible » d’actionner une petite machine à vapeur. En examinant les journaux de l’époque, il reste très difficile, aujourd’hui, de discerner la part de vrai.
Malgré une suite dans les idées remarquable, cet homme, d’apparence fragile, ira d’échec en échec et, finalement, n’entrera pas dans l’histoire. Sa persévérance, hors du commun, mérite notre sympathie. Le joyeux roman de Bonnefoy réhabilite donc ce modeste ingénieur du dix-neuvième siècle aux yeux des lecteurs du vingt-et-unième.
Nul ne parle si bien de son bouquin que l’auteur lui-même. Ecoutons-le :
- « C’est le plus masculin de mes livres… Cet homme froid s’est intéressé à la chaleur… il est exactement l’opposé du soleil… il s’est intéressé à la lumière… l’oxymore est trop beau… c’est un personnage fascinant… presque mythologique ! »
Le rythme de ce roman picaresque, rappelle la verve de Bernard Clavel. Toutefois, Miguel laisse le lecteur sur sa faim lorsque, à grande vitesse, il survole James Watt, Volta ou Ericsson. Tandis que la miraculeuse fabrication du glaçon fait sourire et décrédibilise un peu l’aventure. Le talent de l’auteur est tel que l’on tourne les pages avec amusement en essayant, à chaque instant, de se faire une idée aussi juste que possible de la réalité.
Il existe à la BN un dessin très clair de l’invention d’Augustin. Sans doute, ce dessin aurait-il été bien venu - en première de couverture, pourquoi pas - tant il aurait servi, et le lecteur et l’auteur. Auteur qui reste, à nos yeux, un excellent romancier
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